jeudi 1 mai 2014

Iya, un des trois paradis cachés du Japon ; la béatitude végétarienne


Après une courte nuit (les autres clients de la pension étant partis travailler à 5 heures du mat...), je pars avec Kumiko refaire un tour sur la plage de Katsurahama. Mis à part quelques chiens et leurs propriétaires, l'endroit est désert. Cette plage me rappelle bien des souvenirs : en 1995, lors de mon premier voyage au Japon, nous y avons dormi. A l'époque, nous avons passé en tout une semaine à Shikoku et toutes les 2 nuits, nous avons couché dehors. En effet, Kumiko ayant complètement sous-estimé l'augmentation du coût de la vie au Japon (elle n'y était pas revenue depuis 5 ans) et surtout des hébergements, nous n'avions pas assez d'argent pour nous payer une pension tous les soirs. Voilà pourquoi en septembre 1995, nous avons dormi sur la plage de Katsurahama, en pleine période de typhons... Le lever de soleil était magnifique, sauf que nous étions à moitié ensevelis dans le sable ;-).

Allez, finie la nostalgie, il est temps de repartir, notre bus pour Kôchi n'attend pas ! Contrairement à celui d'hier soir, il ne s'agit pas d'un bus de ligne, mais d'un bus touristique, qui met un peu plus de temps, mais fait en chemin une halte à tous les endroits à voir autour de Kôchi. Malheureusement, nous n'avons pas le temps de nous arrêter pour visiter chacun des sites (la prochaine fois, je prévois un programme moins chargé...), mais pouvons tout de même du bus avoir un petit aperçu. Arrivés en gare de Kôchi, nous prenons le train pour Ôboke, le village d'entrée de la vallée d'Iya.

Pendant très longtemps, cette vallée était très difficile d'accès et a souvent servi de refuge aux nobles et guerriers vaincus, notament au clan Taira dont les membres s'y sont réfugiés à la fin du 12ème siècle, après avoir perdu la guerre de Gempei. A l'issue de ce conflit, le shogun (chef suprême des armées) retira à l'empereur son pouvoir de gouverner et déplaça la capitale à Kamakura, une ville à 50 km au su-ouest de l'actuelle Tokyo.

A l'heure actuelle, la vallée d'Iya est une destination touristique très prisée, mais à la nature fort heureusement encore presque intacte. A la gare d'Ôboke, après avoir consulté les horaires des rares bus qui vont dans la vallée (en gros 2-3 par jour et uniquement pour 1 destination...), nous décidons de prendre un taxi. Sage décision : la propriétaire du taxi nous propose un tarif forfaitaire pour 2 heures, comprenant la visite des principaux sites de la vallée. Vu que nous sommes 4, au final ça ne va pas être plus cher que l'aller-retour en bus et pas besoin de trimbaler les bagages !

Peu de routes traversent la vallée d'Iya et il vaut mieux avoir une petite voiture pour s'y aventurer : les routes sont très étroites, avec quasiment pas de visibilité, on se croirait dans le Vercors ! Les paysages sont magnifiques, avec une multitude de tons de vert et partout des immenses arbres de glycine. Ca sent trop bon ! Les hautes montagnes donnent à la vallée un aspect très encaissé et mystérieux. Faire le trajet en taxi est la solution idéale : on peut s'arrêter partout, la dame donne beaucoup d'informations, nous sert ainsi de guide touristique et le tout pour le prix du bus !


Notre première étape est une statue qui ressemble étrangement au Manneken-Pis de Bruxelles. La petite histoire : afin de montrer leur bravoure, les gamins de la vallée d'Iya devaient se tenir debout au bord de l'abime et faire pipi sans tomber. En souvenir de cette "tradition", un sculpteur local a fait cette statue. Vu la hauteur, je pense que pour ma part je me retiendrais un peu, quitte à ne pas être brave :-).

Ensuite, demi-tour en direction de Kazura-bashi, un des ponts de lianes traversant la vallée. Quand celle-ci servait de refuge aux exilés et autres guerriers vaincus, seuls 13 ponts permettaient de franchir la rivière. Ces ponts étant composés de lianes, les guerriers pouvaient assez facilement les couper s'ils étaient poursuivis. Aujourd'hui, il ne reste plus que 3 ou 4 de ces ponts, le plus connu étant Kazura-bashi.

L'endroit est joli, mais très touristique et vu qu'il faut payer 500 Yen (3,5€) par personne pour traverser le pont, nous nous contentons de faire des photos, de pique-niquer et de nous balader en bord de rivière. Heureusement que nous n'avons pas pris le bus, sinon nous n'aurions vu que ce site et manqué le plus joli, la partie beaucoup plus sauvage près du Manneken-Pis ! Ensuite, le taxi nous emmène à un hôtel qui abrite une source thermale. Nous allons nous y relaxer pendant 1h30 avant que le propriétaire de notre pension du jour vienne nous y chercher. Pour mes parents c'est leur première expérience d'Onsen (source thermale). Les bains sont séparés hommes/femmes, mais sinon identiques, un bassin intérieur avec des douches et des bassins extérieurs qui donnent sur une rivière. La vue est malheureusement pas géniale avec un pont moche en plein milieu. Mais bon, le bain est très agréable, tout le monde apprécie, c'est l'essentiel !


A 16 heures, monsieur Nori, le propriétaire de la pension Ku-Nel-Asob (littéralement bouffer/roupiller/en profiter) vient nous chercher à l'hôtel. C'est encore top comme service ! Sa pension est située à 3-4 km d'Ôboke, en pleine cambrousse avec une vue magnifique sur la vallée. Il y a 10 ans, il a acheté une vieille ferme abandonnée, a tout retapé avec des artisants du coin et accueille des touristes depuis 4 ans. Une autre particularité de ce lieu est la cuisine : tous les plats proposés sont végétariens et préparés uniquement avec des produits du coin, si possible des paysans voisins ; même le thé est local ! Vu que dans la région, chaque famille possède son propre plant de thé, c'est pas bien difficile :-).

Après avoir pris possession de nos chambres, nous partons nous promener autour de la pension afin de profiter de cette nature magnifique. Il y a des fleurs et des plants de thé partout et avec un beau ciel bleu les contrastes sont extraordinaires !

A 19 heures, nous nous mettons à table affamés et curieux de voir ce que va donner le diner entièrement végétarien ! J'avais un peu peur que ça ne plaise pas au parents mais fort heureusement il n'en est rien, bien au contraire ! Tout est délicieux, original, inventif, je manque d'adjectifs pour décrire les saveurs de ces plats succulents. Je n'aurais jamais pensé que les légumes et produits du soja permettaient de créer une cuisine aussi variée et délicieuse. Bravo à la cuisinière !


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